ANSE-BERTRAND Le fabuleux destin d’Armand Chérubin

Sans titre

La vie d’Armand Chérubin s’apparenterait presque à un conte philosophique s’il ne s’agissait pas d’une réalité. Cet Ansois de 84 ans, entièrement autodidacte a eu une brillante carrière professionnelle et poursuit encore un parcours exceptionnel dans le monde de la culture, des lettres et de la philanthropie.

Armand Chérubin est né il y a 84 ans. Sa vie va suivre un seul et même fil conducteur : apprendre et s’ouvrir aux autres. En 2013, Armand Chérubin a été élu personnalité de l’année par l’Association internationale de l’encouragement public. C’est là, une nouvelle gratification qui vient s’ajouter aux innombrables autres (médaille de bronze de l’Académie internationale de Lutèce en 1986, prix de conte et de nouvelle, palme d’argent de l’association internationale de l’encouragement public en 1989, nombreuses médailles décernées par l’Académie des belles lettres et le consistoire des jeux floraux en Guadeloupe, etc.).
Poète, écrivain, il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont La légende de madame Coco : pacte avec le diable en 2000. En 1965, il fonde le cercle culturel ansois aux côtés de Flavien Ferrant, Isidore Guimba, Chaben, Robert Loyson et Valcou Gêne, où il assume la fonction de directeur artistique. En 1979, il devient président de l’Association familiale d’Anse-Bertrand et responsable culturel des Immortels, club des aînés de la commune. Auparavant, il était déjà engagé dans d’autres structures : Éclaireurs de France, Coeur Vaillant, Rose de l’Aurore, Clarté de Vénus (actuelle USA). « Toutes ces activités ont apporté du savoir-vivre et de la solidarité en leur temps. Les gens qui ont fréquenté ces associations sont devenus humainement plus riches car on y apprenait à bien vivre ensemble » , estime-t-il.
Armand Chérubin est né en 1931. Il perd sa mère à l’âge de 11 ans et doit cesser l’école.
EN APPRENTISSAGE À 12 ANS
Ce double traumatisme le dote d’une volonté de fer : coûte que coûte, il se donnera les moyens d’apprendre. An tan Sorin, la population connait des heures difficiles et il est courant de voir les enfants travailler. Leurs responsables sont parfois cruels. Le jeune Armand peine à supporter cette situation. La tante qui l’a recueilli le réconforte avec tout son bon sens. « Tiens bon mon garçon. Fais toutes les tâches qu’on te donne à faire. Un jour, tu deviendras un homme et tu te serviras de ces expériences pour aider ceux qui en auront besoin. »
L’adolescent accomplit son dur labeur sur l’habitation Lemercier, sans perdre de vue sa priorité. « Chaque fois que je pouvais trouver un moment, je repassais mes connaissances. » À 12 ans, il entre en apprentissage dans la maçonnerie. Il progresse vite et devient chef d’équipe.
UN MODÈLE POUR BEAUCOUP
En 1965, l’architecte Gilbert Corbin le repère sur un chantier alors qu’il forme des manoeuvres. « Votre place n’est pas ici, lui dit-il, vous seriez mieux dans un centre de formation » . Armand Chérubin suit le conseil et fait les démarches nécessaires. En 1966, il intègre l’AGFMO, à Petit-Bourg (une filiale de l’Afpa) en tant que formateur. Il travaille d’arrache-pied pour pouvoir enseigner, en plus de la partie technique, la partie théorique.
À 45 ans, il obtient son premier diplôme et forme désormais des chefs d’équipe. On lui confie aussi de nouvelles responsabilités. En 1985, il est chargé par exemple, d’organiser une action de formation dans le béton armé à Saint-Pierre-et-Miquelon. « J’ai pu mettre en pratique les conseils de ma tante. Quelque chose me poussait à tout connaître : littérature, écriture, arts plastiques, mathématiques, cinéma, et à transmettre. Quand un de mes élèves était en difficulté, je le faisais venir le soir chez moi pour l’aider » . Atypique, ce formateur a été un modèle pour beaucoup des élèves qu’il a accompagné vers la réussite 33 ans durant.
Encore et toujours en activité
Aujourd’hui, Armand Chérubin consacre son temps entre écriture et arts plastiques. Deux ouvrages sont déjà bien avancés : un recueil de contes et légendes d’antan, qu’il tient de sa tante, et un récit plus autobiographique. Il trouve encore de l’énergie pour explorer les nouvelles technologies, la peinture et la gravure de calebasses.

Source : France Antilles Stéphanie TOLLET Samedi 07 mars 2015